L’exposition de l’assurance aux chocs macroéconomiques recèle des spécificités par rapport aux autres secteurs économiques, y compris au secteur financier. Le n°133 de la revue Risques, publié en mars 2023 fait le point que nous complétons avec quelques graphiques extraits de la conférence de presse de France Assureurs le 30 mars 2023
L'assurance est affectée indirectement par les clients qu'elle couvre ou les agents économiques qu'elle finance.
Par nature les clients des assureurs transfèrent le choc immédiatement à leur assureur, puisque l’engagement pris par les assureurs est de les couvrir face au dit choc.
Dans le secteur bancaire c’est l’inverse : les clients puisent dans leurs liquidités et en dernier ressort, lorsqu’ils font défaut sur leur dette, la banque est affectée.
La transmission des chocs économiques à l'assurance est plus étalée dans le temps
L’assurance garantit principalement le capital : capital matériel (biens et équipements), capital financier, capital humain. S’il existe bien des assurances de pertes de revenus (revenus financiers, revenus du travail, pertes d’exploitation), leur poids est moindre par rapport aux garanties du capital ou du patrimoine.
De plus l’assurance investit principalement dans des classes d’actifs qui financent des opérations sur capital : actions, immeubles, obligations.
L’assurance est donc plus exposée aux risques de stocks qu’aux risques de flux : or les stocks fluctuent moins à court terme que les flux. La transmission des chocs macroéconomiques a donc tendance à être étalée dans le temps par rapport aux autres secteurs, ce qui en facilite l’absorption.
Des flux de trésorerie structurellement excédentaires
Du fait de l’inversion du cycle de production, l’assurance génère des cash-flows positifs, y compris en temps de crise. Les autres secteurs sont soit structurellement en cash-flow négatif, comme la banque, soit alternativement en cash-flow positif ou négatif selon les périodes.
La position de trésorerie excédentaire permet d’absorber plus aisément les chocs quand ils surviennent.
L'impact des chocs inflationnistes
Si l’assurance n’est que peu impactée par les chocs portant sur les volumes (ex : volume de l’activité économique / PIB…), elle l’est beaucoup plus par les chocs portant sur les valeurs nominales.
Les chocs inflationnistes non anticipés l’atteignent du fait que les tarifs étant fixés ex ante, les coûts d’indemnisation des sinistres auront été sous-estimés.
L'impact des taux d'intérêt
Les chocs macroéconomiques (sur l’activité et sur les prix) modifient la perception des risques par les agents économiques qui ont tendance à exiger des primes de risques plus élevées. La valorisation des actifs et des passifs des assureurs est affectée par la hausse des taux d’intérêts et donc des taux d’actualisation .
Selon Jérôme Haegeli, (risques n°133) la seule contrepartie positive à attendre de la conjoncture actuelle vient de la hausse des taux d’intérêt et des taux d’actualisation qui joue en faveur des assureurs, notamment dans un contexte où les actifs ont une duration plus courte que celle des passifs.